Comment faire d'un voyage d'étude un temps de formation ?
Pour être considéré comme tel, il doit répondre à des exigences pédagogiques précises dès sa conception et respecter de nombreuses conditions.
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Cet article fait un point sur les règles et les principes à mettre en place pour faire d'un voyage d'étude un véritable temps de formation. Il s'inspire du retour d'expériences d'une session en Nouvelle-Zélande consacrée aux coûts de production et réalisée entre décembre 2013 à septembre 2014 par des éleveurs limousins. Le voyage a été co-construit par Trame (association de développement agricole et rural) et la chambre d'agriculture de Haute-Vienne pour définir le scénario pédagogique du dispositif.
Partager son expertise et apprendre ensemble
Un voyage d'étude permet la découverte, in situ, d'une pratique professionnelle, d'une technique innovante et il favorise l'échange d'expériences sur un thème spécifique (1). Il peut être constitué de visites de terrain, de rencontres d'experts reliées à une thématique et réunissant un groupe déterminé de personnes. L'administration l'assimile à une action d'information ou de sensibilisation (2). Néanmoins, dans certains cas, le voyage d'étude peut être considéré comme une action de formation (3) s'il remplit des conditions pour être imputable à la formation professionnelle. Il est ainsi finançable par Vivea (fonds de financement des formations des entrepreneurs du vivant), par exemple, pour les agricultrices et les agriculteurs.
Selon les textes réglementaires, il doit, pour cela, répondre à quatre conditions :
- Être intégré dans un cursus de formation plus conséquent
Le voyage d'étude doit s'intégrer dans un dispositif soigneusement élaboré sur le plan pédagogique. En premier lieu, cette insertion favorise (s'il n'existe pas déjà) la création d'un collectif d'agriculteurs prêts à partager leur expertise et à apprendre ensemble. Pour une meilleure efficacité de la démarche, il peut se révéler judicieux d'instaurer des « stagiaires enquêteurs ». Ainsi, Marion Couedou, conseillère ovins à la chambre d'agriculture 87, témoigne : « La première journée de formation à Limoges (87) a été, selon moi, un véritable déclencheur dans la tête des participants agriculteurs. L'idée de leur demander de travailler en binômes, en amont de cette journée, a été très formatrice. À ce moment-là, ils devenaient acteurs de leur projet. Je pensais qu'ils allaient indiquer qu'ils n'avaient pas le temps. Mais en réalité, ils ont, très consciencieusement pour la plupart, fait des recherches sur Internet. Et ils ont montré une certaine fierté à présenter leur travail, ce qui était de bon augure pour les mettre dans une posture active. »
- Cibler un public précis
Il s'agit, dans ce cadre, de recruter un public dont les objectifs d'apprentissage individuels professionnels sont compatibles. Cela nécessite d'évaluer les prérequis et le niveau de qualification de chaque participant, ainsi que ses éventuelles difficultés et ses motivations profondes. L'organisme en charge de l'organisation de cette formation et du voyage doit apporter un soin tout particulier à ce point, en amont de la formation, selon les différentes modalités possibles : entretiens individuels de chaque stagiaire, questionnaire d'enquête écrit...
- Être un moyen d'acquérir des compétences
Il est difficile d'avoir un regard critique sur son entreprise, sur son mode de fonctionnement. En faisant sortir les participants de leur quotidien et en les confrontant à d'autres réalités que la leur, on parvient davantage à leur faire voir leur situation sous un jour nouveau. Dans ce cas, le besoin d'acquérir telle ou telle compétence peut être facilité pour les stagiaires, à condition, bien sûr, que des objectifs de formation et des objectifs pédagogiques aient été identifiés et validés par le groupe « formation ».
- Proposer différents temps d'intégration des acquis en amont, pendant et après
D'importantes périodes d'acquisition de compétences sont nécessaires pour que l'ensemble des savoirs découverts sur place soient assimilables par chaque stagiaire (avant), pour que chacun puisse se concentrer sur l'objectif d'apprentissage (pendant) et pour que les plans d'action soient mis en oeuvre (après la formation). Il est possible de se faire accompagner spécifiquement après, afin de faciliter le passage à l'acte et les changements de pratiques.
Muriel Astier, Trame (parution dans Travaux & Innovations n° 215, février 2015).
1) D'après Vivea - viv'Actu n° 5 d'octobre 2014, fiche mémo sur les voyages d'étude téléchargeable sur http://tinyurl.com/h3s9qy3 (2) D'après les articles du code du travail (L.6313-1 à L.6353-1) et la circulaire DGEFP n° 2006-35 du 14 novembre 2006. (3) C'est le cas de la formation consacrée aux coûts de production prise en exemple, dont l'ingénierie pédagogique et l'action de formation intégrant le voyage d'étude ont été financés par Vivea (www.vivea.fr).
Les voyages à caractère pédagogique, comme ici aux Pays-Bas où des professionnels ont travaillé sur la diversité variétale en pépinière, ou en Italie (ci-dessus) sur le greffage, peuvent s'inscrire au titre de formation. PHOTO : ODILE MAILLARD
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